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Voici un bref historique de la vie militaire au service de la France de Teofilo Gomez, mon grand-père maternel, héros
inconnu, acteur irréductible d’un idéal de liberté, d’égalité et de fraternité.
Né le 22 juillet 1897 à Valladolid (Espagne), établi à Paris où il possédait un atelier d’ébénisterie d’art, père de famille, il
n’a pas hésité à regagner son Espagne natale pour lutter contre le totalitarisme franquiste (1936-1939).
De
retour
en
France,
en
1939,
après
la
défaite
des
Républicains,
l’alternative
était
la
suivante:
retour
en
Espagne
ou
engagement
pour la France. Il a choisi la seconde solution et a voulu se battre pour la Liberté.
Voici son parcours :
· Espagnol engagé volontaire le 04 novembre1939 à Montauban pour la durée de la guerre : matricule 441.
· Incorporé au 2
eme
régiment de Marche des Volontaires Étrangers devenu 22
eme
RMVE, le 18 février1940.
· Affecté au 22
eme
RMVE (19 Division B.C.A).
· Nommé au grade de Caporal le 1
er
mars1940.
· Sergent lors de la bataille de France (Somme/Picardie) en Mai-Juin 1940.
· Citation à l’ordre de la Division pour bravoure et audace (Combats de Villers-Carbonnel, 25 et 26 mai 1940).
·
Prisonnier
de
guerre
à
Marchélepot
le
6
juin
1940
après
une
héroïque
résistance
à
l’ennemi.Les
bataillons
succombant
les
uns
après
les
autres,
manquant
de
munitions,
les
hommes
terminent
le
combat
vers
Marchélepot
sous
les
ordres
du
commandant
Hermann.
Les
Légionnaires
se
rassemblent
autour
de
leurs
officiers
dans
la
cour
d'une
ferme
pour
livrer
un
ultime
combat
au
corps
à corps.
Le Général d'Armée, Commandant en Chef les Forces Terrestres, Ministre Secrétaire d'État à la Guerre, cite :
À L'ORDRE DE L'ARMÉE
Le 22
e
RÉGIMENT DE MARCHE DE VOLONTAIRES ÉTRANGERS
«Jeté
dans
la
bataille
bien
qu'incomplètement
équipé
et
à
peine
amalgamé,
s'est
particulièrement
distingué
sous
les
ordres
du
Chef
de
Bataillon
HERMANN
au
cours
des
journées
des
5,
6
et
7
Juin
1940.
«Complètement
entouré
par
les
Unités
blindées
ennemies,
violemment
bombardé
tant
par
avions
que
par
l'artillerie,
a
résisté
héroïquement
pendant
quarante-huit
heures
à
toutes
les
attaques,
réussissant
pendant
ce
temps
à
conserver
l'intégrité
des
localités
qui
constituaient
l'ossature
de
la
position
confiée
à
sa
garde.
N’a
cédé
que
faute
de
munitions
et
écrasé
par
une
supériorité matérielle considérable. A, par sa résistance, fait l'admiration de l'ennemi.».
· Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Palme.
Le 22
e
R.M.V.E a été dissous en juillet 1940.
En 1985, sa Croix de Guerre a été remise à la garde du 2
e
R E I. Elle apparaît sur la cravate du Drapeau du 2
e
Étranger.
· Prisonnier au stalag VII A (région de Munich) le 18 juin 1940 : matricule 15106.
· Déporté au camp de Mauthausen le 31 août 1941 : matricule 4407, catégorie «Rotspanier» (Espagnol rouge).
· Transféré au camp de Gusen le 20 octobre 1941 : matricule 13424.
· Assassiné, sous la torture, dans ce camp, le 9 janvier 1942.
· Incinéré au crématoire de Gusen le 12 janvier 1942, trois jours après son décès.
· Attribution, par la France, du titre de déporté politique le 11 août 1954.
· Mort pour la France.
· Mort en déportation (Mentions figurant sur son acte de décès).
Attribution du Titre de Reconnaissance de la Nation, le 26 octobre 2004 (62 ans après sa disparition !), pour services rendus à la France lors de la guerre 1939-1945, à la demande de sa fille,
ma mère, Marie Jacqueline GOMEZ, orpheline de guerre, elle-même décédée en 2006.
Tel a été le parcours tragique mais glorieux de mon grand-père, un homme qui n’a jamais transigé avec les valeurs qui font la grandeur de l’humanité. Abandonné par l’État français, renié par
l’Espagne franquiste, livré aux nazis, mort apatride sans sépulture, son nom n’est inscrit sur aucun monument mais il rayonne dans mon cœur.
Mes recherches depuis plus de quinze an, à travers l’Europe, ont été fructueuses et continuent encore en mémoire de cet homme auquel je dois de vivre libre. Depuis 2006, je porte avec fierté
et reconnaissance le nom de Gomez accolé à mon nom de naissance, en hommage à Teofilo Gomez, valeureux légionnaire du 22
eme
RMVE.
Grand merci, honneur et gloire à lui et à tous ses frères d’armes!
Teofilo Gomez
Mort pour la France en déportation
Patricia Gomez-Basquez